Domaine Jean-Claude Bachelet et fils

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On trouvera toujours beaucoup de luminosité dans les vins blancs de Benoit et Jean-Baptiste Bachelet qui ont repris avec talent l'exploitation familiale à Saint-Aubin depuis maintenant une petite quinzaine d'années (2004).

Le domaine, très discret encore à l'aube des années 2000, connus peut-être de quelques initiés seulement, s'est hissé rapidement au niveau des tout meilleurs grâce à un travail d'une qualité irréprochable. Très tôt, les méthodes productivistes et chimiques ont été progressivement abandonnées par Jean-Claude, le père, puis par ses deux fils, pour céder la place à une viticulture exigeante, sans pesticides, sans artifice ni maquillage, privilégiant le travail des sols et les levures indigènes.

Le parcours douloureux de l'amateur de Bourgognes
Pour mieux apprécier leur travail, il faut le replacer dans un contexte. Trouver de beaux Bourgognes blancs de belles appellations à un tarif encore acceptable est devenu une gageure aujourd’hui. La Bourgogne ne représentant qu’un peu plus de 3% du vin produit en France, et sa célébrité s’étendant bien au-delà des frontières de l’hexagone, la pression sur les prix est désormais continuelle. Elle décourage bien des amateurs, et c’est dommage. Dans le même temps, toute la production Bourguignonne n’est pas exempte de reproches : rendements élevés dans certaines appellations, sulfitages excessifs, bâtonnages et boisés mal dosés, problème d’oxydation prématurée sur certains millésimes, la liste n’est pas exhaustive. Les plus grands domaines ont parfois fait face à des critiques acerbes d’amateurs se plaignant d’avoir payé des fortunes pour des vins manquants de régularité et à la limite du buvable.
Des vins de garde à encaver
A titre personnel, j’ai pu constater à quel point ces vins savent endurer la garde et gagnent à vieillir dans de nombreux millésimes. Les 2007, 2008, 2010 ne sont pas encore à maturité, ou y arrivent seulement aujourd’hui sur certaines appellations. Les 2014 et 2017 sont splendides, les 2018 ne sont pas en reste. Il y a une unité de style dans ces vins, même si le terroir ne s’efface jamais devant la vinification. Les Bachelet ont la chance de posséder une diversité de crus, sur des sols variés, et une dégustation d’un même millésime sur les différents vins est toujours très instructive. Frais et minéraux, tendus, salivants, longs et sapides sont quelques-uns des qualificatifs qui me viennent immédiatement à l’esprit pour caractériser leurs cuvées. Le boisé est savamment dosé, et n’est jamais encombrant au point de prendre le pas sur le vin.
En Remilly, terroir minéral...
Vignobles et terroirs de Saint-Aubin, surplombant Chassagne-Montrachet
En terroirs inconnus...
Dès lors, il faut avoir la volonté d’aller chercher des vins sur de beaux terroirs encore un peu dans l’ombre et les crus de Saint-Aubin, encore méconnus mais qui fournissent une grosse partie des vins du domaine, s’y prêtent admirablement. Les frères Bachelet y proposent des cuvées de blanc en premier cru sur pas moins de 7 climats différents dont les superbes « en Remilly » (photographié à gauche avec son sol pierreux), « Murgers des dents de chien », sur la terrasse exposée est sud-est surplombant les vignobles de Puligny-Montrachet, puis « le Charmois » et « Les combes au Sud » exposés est qui jouxtent les vignobles de Chassagne-Montrachet au débouché de la combe, et enfin les vins des parcelles « Frionnes », « Champlots » un peu plus au Nord dans la vallée de Saint-Aubin autour du hameau de Gamay, où se trouve le domaine.

Ce sont ces très beaux vins blancs de Saint-Aubin que je recommanderais de goûter en priorité pour aborder la production du domaine. Comme le reste de la production, ils bénéficient d’un élevage long de 18 mois sur lies fines, qui leur permet d’acquérir structure et finesse. Ensuite, muni de ce passeport gustatif, l’intrépide voyageur de vins peut se risquer sur les très belles appellations et en apprécier toutes les nuances et subtilités.

Vous aurez peut-être la chance, ici ou ailleurs de mettre la main sur une bouteille de Chassagne-Montrachet « les Encégnières », un climat classé en village, mais admirablement placé sous le grand cru Bâtard-Montrachet...dont les Bachelet restituent parfaitement la dimension de sol. Voire sur un Chassagne-Montrachet premier cru « la Boudriotte », une belle terre à l’Ouest du village qui donne des vins profonds, où l’on retrouve souvent, au côté de la minéralité, des zests d’agrumes et des sensations de fraîcheur mentholée.

Enfin, ne surtout pas négliger le Bourgogne Chardonnay et le Bourgogne Aligoté qui donnent de très beaux vins représentatifs malgré leur prix abordables.  

Sachez enfin que les vins du domaine Bachelet vieillissent en général extrêmement bien. Point n’est besoin d’en garder pour le siècle prochain bien entendu, mais 10 ans de cave ne leur ont jamais fait peur dans les millésimes réussis. Alors ce sont de véritables vins d’occasions, des vins de fêtes à ouvrir lors de célébrations ou de grands évènements de la vie. Ils ont une sorte d’énergie pure qui sied bien au partage.

Un domaine sans pesticides
Il est important de souligner que Benoit et Jean-Baptiste ne se sont pas contentés d’une viticulture en lutte raisonnée. Continuant le travail de leur père tout en allant plus loin, ils ont franchi l’écueil d’un passage en bio 2014 puis attendent leur certification biodynamique pour 2022 avec Ecocert. Ceci dit, le passage s’est fait assez naturellement puisqu’aucun désherbant n’avait été utilisé depuis 2000. Le travail des sols est effectué au chenillard, pour éviter la compaction des terrains. L’oïdium et le mildiou sont combattus uniquement avec du cuivre et du soufre.
Benoit Bachelet dans les murgers des dents de chien, une parcelle remarquable classée en Saint-Aubin premier cru, surplombant Puligny-Montrachet, qui n'a rien à envier aux meilleurs

Nos coups de coeur

Les grands vins du domaine

Je vous mets ici quelques notes de dégustation après la visite au domaine du 13 Novembre 2021 pour goûter les 2019.

Le Bourgogne Chardonnay se présente très citronné au nez, il y a une réduction grillée, de la matière, il est assez alcooleux, confit et long en bouche

Le Saint-Aubin 1er cru les Frionnes a un nez de zests de pamplemousse et de citrons verts. La bouche est déliée, minérale, sensation presque sableuse, avec des notes de fruits confits. Beaux amers et belle fin de bouche

Le Saint-Aubin 1er cru les Champlots est plus discret au nez que son prédécesseur. Il y a du végétal, des nuances de feuilles de citronnier. La bouche est de texture plus grasse, enveloppante, tapissante. Le retour est salivant sur des parfums d'herbes à tisane (verveine, aubépine) et de fleurs blanches. C'est un sol plus drainant et cela se sent au goût.

Le Saint-Aubin 1er cru le Charmois possède un nez fumé, marqué par la pierre à fusil. Il y a de la réduction puis une impression de végétal noble de belle facture. La bouche est un peu plus terreuse, elle possède des notes d'humus, c'est un terroir d'argiles rouges, plus frais, où l'épaisseur de terre est moindre paradoxalement.

Le Saint-Aubin 1er cru en Rémilly a un joli nez profond de zests d'agrumes, on perçoit un soupçon de boisé, pas gênant. La bouche est assez tendue, elle va en s'amplifiant, l'acidité revient en force, il y a de la tension dans ce vin et des notes citronnées assez fortes. On sent une longueur calcaire en adéquation avec ce terroir très caillouteux, jusque dans une très belle finale énergique.

Le Saint-Aubin 1er cru Murgers des dents de chien possède un nez délicat d'herbes aromatiques. C'est un vin complet, qui fait un peu la synthèse de tous les précédents. La bouche notamment est étirée par l'acidité tout en offrant un joli gras de matière. La texture est minérale, salivante et profonde. Grande finale fumée, superbe vin sapide tout du long et persistant.

Le Chassagne-Montrachet les Encégnières est complexe au nez, avec des notes de fruits jaunes mûrs comme la poire Williams et les citrons confits.
La bouche est puissante aromatiquement, il y a une belle tension qui accompagne la minéralité granuleuse, la texture est intéressante, et le vin emmène vers une longue finale assez aérienne. C'est un joli vin qui appelle la table, il est situé sous le Bâtard-Montrachet pour rappel.

Le Puligny-Montrachet les Aubues a un nez très différent, il est plus discret. On est ici dans un registre plus végétal (fougères, mousserons, noisettes), peut-être avec un soupçon de boisé résiduel. La bouche est superbe, avec une fine réduction, elle est sapide, complexe, toute en nuances minérales qui viennent se chevaucher en rétro-olfaction. Belle acidité, très joli vin !

Le Puligny-Montrachet 1er cru sous le Puits est grand au nez, avec une finesse de végétal noble, de confit, des parfums d'agrumes. La bouche est riche, structurée, sapide, tendue. On est gratifié d'une belle complexité, avec des zests, des acides, des fleurs capiteuses (lys). Grande finale énergique avec de la fraîcheur, un vin complet, issu de vieilles vignes.

Le Chassagne-Montrachet 1er cru Blanchot-Dessus est une invitation au voyage, avec des notes fumées, d'épices, de fougères, de champignons. La bouche possède un peu plus de tout. Elle est riche, minérale, la texture est assez géniale. La complexité n'est pas en reste avec des nuances de citrons, d'agrumes variés. Quel vin superbe, à la texture tapissante, sans accroche, il reste longtemps en persistance, grand vin.
Je vous ai mis une photographie de ce climat d'exception, séparé du Montrachet juste par un muret et une route....

Le Bienvenues-Bâtard Montrachet clôture la série des 2019 et délivre un grand nez fin de gentiane, de zests et de fruits murs. Il y a en plus un côté coquillé, marin ou iodé. Bouche sur un fil, grasse et tendue à la fois, avec des déclinaisons de fruits jaunes comme le citron, la prune, et d'autres agrumes. C'est un grand vin par ce qu'il procure en rétro-olfaction, grande finale crayeuse, longue, presque mâchue. Très grande bouteille.

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