Domaine Les 4 Vents
Tous les vins du domaineLe temps n'est pas à la fête en cette mi-Avril 2021. Le mistral souffle glacé dans la vallée du Rhône, et la semaine passée a vu l'un des pires épisodes de gel que la région ait connus récemment. D'autant plus perfide qu'il avait commencé à faire très chaud et lumineux dans les semaines précédentes, et que la vigne avait donc logiquement débourré (éclosion des bourgeons).
"Nous sommes placés sur le Sud de l'appellation Crozes-Hermitage, le long du Rhône, et c'est peut-être ce qui nous a à peu près sauvé", me glisse Lucie. "Les parcelles au Nord et à l'Est (en allant vers le Vercors) ont été touchées de plein fouet. Et sur les collines de Saint-Joseph, de l'autre côté du Rhône, il y a beaucoup de dégâts. En fait, les intempéries suivent des courants : pluie, grêle, gel, ce sont souvent les mêmes trajectoires."


Une qualité de raisin qui se gagne à la vigne : voilà le credo du domaine, qui veut tirer partie de ses très beaux terroirs. La Rage, d'abord, avec ses sols sableux, et où poussent de belles Marsannes dont les soeurs ne tirent que 2 futs et des Syrah taillées en cordon double, dont le palissage collectif et l'ébourgeonnage exigeant permettent de bien aérer le végétal et les grappes et ainsi obtenir une vendange qualitative. Les Saviaux ensuite, un superbe terroir de galets roulés, avec une vigne plantée à l'ancienne sur échalas et taillée en gobelets (un mode de conduite d'habitude réservé aux parcelles de coteaux). Chassis ensuite, avec des essais d'enherbement en légumineuses un rang sur deux, et enfin Saint Jaimes, à Mercurol, juste devant la cuverie, qui donne une cuvée doublement parcellaire pourrait-on dire, puisqu'une partie seulement des fûts uniquement produits par cette vieille vigne (50 ans environ, plantée par le grand-père) sur sol sableux peu profonds seront sélectionnés pour y être finalement intégrés après un élevage sous bois prolongé.

Les 4 Vents est assurément un domaine à suivre de près. La passion qui anime les deux soeurs, cette volonté de ne pas laisser échapper les acquis de leurs parents et grands-parents et de poursuivre leur vision leur permettra certainement de franchir les écueils : celui par exemple des replantations, car certains clones de Syrah, plantés dans les années 90, sont atteints de dépérissement mortel, et Lucie avoue qu'il va falloir se pencher sur le problème avec acuité, en accentuant les recherches sur leurs sélections massales. En attendant, elles multiplient les expériences, comme ce splendide vin de macération de marsanne dont elles ont caché un fut dans la cave d'élevage. Saurez-vous le reconnaître ?