Servir le vin correctement est un art qui ne s'improvise pas vraiment...
Vous pourrez avoir une cave excellente, judicieusement composée de crus et de bouteilles savoureuses, prêtes à régaler vos papilles et celles de vos proches, et pour autant ne pas être à l'abri de déceptions voire même de sensations de gâchis complètes. Pour prendre une analogie, enfileriez-vous votre plus beau pantalon pour aller jardiner ou changer une roue de voiture ? Sortiriez-vous vos plus beaux verres en cristal pour que les enfants puissent tremper leurs pinceaux en faisant de la peinture à l'eau ? Non, bien sûr. Vous vous adaptez à juste titre aux circonstances. Et pour le vin, figurez-vous que c'est exactement pareil !
Il y a « un moment » du vin, et il obéit à quelques règles, qui sont au nombre de 5 selon moi.
Servir le vin qui sied bien à une occasion, à une ambiance
Servir le vin adapté à vos convives, à votre" public"
Servir le vin qui convient à l'instant présent et respecte l'ordre des choses
Servir le vin correctement (température, aération, préparation, verres adaptés)
Servir le vin qui va bien accompagner la cuisine
Tout vin servi à plus de 18 degrés va vous sembler alcooleux et comme manquant de fraîcheur. Je m'efforce de servir les vins effervescents à 8-10 degrés maximum, les vins blancs à 12-13 degrés maximum, les vins rouges légers à 16-17 degrés maximum, les vins rouges très corpulents titrant plus de 14 degrés aux alentours de 15 degrés, les vins oxydatifs vers 16 degrés maximum. J'utilise un thermomètre dans le doute pour savoir à combien de degrés est le liquide dans la bouteille, et je tiens compte de l'environnement (la pièce est-elle surchauffée ?) pour évaluer à quelle vitesse le vin une fois servi va se réchauffer dans le verre. Je n'hésite pas à replacer la bouteille au réfrigérateur, dans une pièce fraîche ou dans une glacière entre deux services. Si vous devez rafraîchir un vin en urgence et que vous n'avez pas de seau à glace ou de glaçons, mettez la carafe vide au congélateur pendant quelques minutes et carafez votre vin juste avant le service.
La carafe aide à oxygéner les vins jeunes, à ouvrir les arômes et à limiter la réduction ou le perlant (la sensation de gaz). Elle peut aussi aider à délier des vins de forte concentration dans des millésimes denses (2005 en Bourgogne par exemple, ou 2015 à Bordeaux)
Je m'arrange pour toujours ouvrir les vins à l'avance afin de les goûter et de détecter d'éventuels défauts (notamment le goût de bouchon) qui ne pardonne que rarement (il est causé par un ensemble de molécules indésirables, dont la plus connue est le TCA, qui contaminent le liège) et l'on se doit généralement de prévoir alors une autre bouteille ou un vin de remplacement. L'industrie est consciente du problème et réagit en proposant d'autres types de bouchage (diam, synthétique aggloméré, bouchon en plastique, capsule à vis, capsule en verre...) ou en prônant l'absence de traitements pour les bouchons en liège... Typiquement, si vous partez à l'extérieur et que vous ne pouvez pas changer de bouteille, il est préférable d'emmener un vin avec un bouchage alternatif pour vous éviter le problème sans recours possible. Vignalis vous indique le type de bouchage de toutes les références.
Les verres doivent être inodores (méfiez-vous des verres qui ont passé des mois, voire des années emballés dans leurs cartons d'origine car ils ont emmagasinés l'odeur cartonnée des boîtes) ; pour les débarrasser des odeurs parasites, il est nécessaire de les rincer avant service. Privilégiez des verres solides, de forme tulipe ou approchante, pas trop grands, que vous remplissez au tiers. Je n'ai jamais souffert de ne pas avoir de verres à Bourgogne rouge, de verres à Bordeaux, de verres à Alsace, de verres à Bourgogne blanc, de verres à Champagne, de verre à Jerez, de verres à liqueurs, de verres à Riesling, de verres à soi...
Un dernier aspect auquel on ne pense pas assez, il est judicieux de laisser reposer le vin et d'attendre quelques jours avant d'ouvrir des bouteilles qui viennent de vous être livrées après un transport de plusieurs centaines de kilomètres. Le secouage, les vibrations d'un voyage peuvent fatiguer le vin et ouvrir une bouteille dans ces conditions peut vous apporter des déconvenues.