Château de la Selve

Tous les vins du domaine

Incursion dans une selve profonde

Château de la Selve

Les vins du domaine comptent parmi les meilleurs rapports qualité prix que nous sommes à même de proposer. Un joli rouge pour un repas entre amis imprévu ? Un vin de fin de soirée sans se ruiner la tête ? Un rosé aromatique sans esbrouffe qui réconcilie avec cette couleur ? Un blanc facile d'accès ? Toutes ces situations quotidiennes semblent avoir été créées pour les vins du château de la Selve.

Le temps des vendanges et des vinifications n’est jamais un moment propice pour programmer une visite dans un domaine viticole c’est bien connu. C’est donc avec beaucoup de disponibilité et de patience, que Benoît Chazallon nous trouve un créneau en ces derniers jours d’Août 2020 alors que le travail bat déjà son plein et que ses journées de travail avoisinent les 18 heures quotidiennes.

C’est que la récolte du raisin a débuté tôt dans ce millésime très solaire, et la région ardéchoise n’a bien évidemment pas échappé aux grosses chaleurs de l’été après un printemps déjà très sec (absence quasi-totale de pluie pendant 4 mois). Cependant, et c’est une caractéristique que nos amateurs de vins doivent absolument retenir, l’Ardèche, qui appartient dans une certaine mesure à la même région vitivinicole que la vallée du Rhône assez proche, s’en distingue par un aspect fondamental : des nuits très fraîches, qui tempèrent efficacement la chaleur diurne, et empêchent le stress hydrique (le manque d’eau) de trop affecter les vignes en refroidissant les sols et en générant de la rosée. Il s’ensuit une structure organoleptique du raisin bien particulière : des tannins et des parfums bien mûrs, mais atténués par une trame qui ne manque pas de fraîcheur, donc d’équilibre, grâce à la présence d’une acidité mentholée bienvenue.

Les vendanges précoces de 2020 côté rue…avec les premières bennes de raisins amenées au pressoir pour la vinification des vins blancs et des rosés
Les vendanges côté cour avec le pressoir installé directement à l’étage supérieur pour un entonnage « gravitaire » dans les cuves évitant au maximum les pompages. La bâche est une sorte de sas anti-oxydation qui est saturé en gaz carbonique (CO₂).
Revenu au bercail
Benoit est un ingénieur qui reste très précis dans sa relation à la viticulture. Il observe, fonctionne beaucoup à l’instinct, (comme ici lorsqu'il collecte des données météo lui permettant de mieux appréhender le micro-climat, en particulier une humidité résiduelle lui amenant un mildiou ou un blackrot inattendu) mais réfléchit également beaucoup aux impacts environnementaux de ses décisions, à la vigne comme au chai. Revenu s’installer sur ses terres avec son épouse Florence au début des années 2000, son diplôme d’oeno-viti obtenu à Beaune en poche, ils se lancent tous deux dans la réalisation de leur rêve, la création d’un domaine viticole d’envergure dans le sud ardéchois, convaincu du potentiel de ce terroir méconnu souvent regardé de haut.
Des choix et la difficulté de planter
La démarche naturelle, biologique et biodynamique va être au cœur du projet dès le départ. Et des choix judicieux comme le refus d’arracher le Cabernet-Sauvignon, cépage Bordelais par excellence qui compose aujourd’hui la colonne vertébrale de la remarquable cuvée Beaulieu du domaine. Ici, il produit un jus d’un équilibre remarquable quand il arrive à survivre aux conditions difficiles. L’Ardèche constitue un challenge pour la plantation des jeunes vignes. Le rocher de calcaire est présent à très faible profondeur (à peine 20 centimètres), et les ceps ont du mal à s’enraciner dans ce sol très superficiel. Du coup la vigne est plantée haute, et l’emplacement est préparé un an à l’avance par un apport de vieux compost mêlé de terre pour faciliter l’intégration du nouveau cep et augmenter ses chances de survie lors de la replantation. La problématique de la vie du sol est également primordiale : le domaine laisse l’herbe d’hiver un rang sur deux jusqu’en Mars, puis l’enfouit mécaniquement en même temps qu’un apport de compost jeune pour ne pas concurrencer la vigne en eau et surtout activer la vie bactérienne au meilleur moment (enrichir le sol en azote sur ces parcelles qui en sont assez dépourvues naturellement).
Une démarche propre à tous points de vue
A la cave, le domaine est peu interventionniste comme il sied à un raisin qui n’a pas vu de produits chimiques de synthèse. Mais la démarche scientifique de Benoît le fait toujours s’interroger et expérimenter de nouveaux processus. L’hygiène est irréprochable (pour lutter contre les Bretts notamment). Un pied de cuve est généralement employé pour faire démarrer les fermentations. Des remontages sont appliqués sur les cuvées de rouges, pour extraire des tannins mûrs (sans excès), pour homogénéiser la température dans la cuve (réduire le risque d’accidents de fermentation), et également afin de dynamiser les moûts par un apport d’oxygène bienvenu pour l’activité des levures de fermentation. Depuis 2016, des expériences d’apport léger d’oxygène en vortex dans une vasque vive recréant un chaos (mécanique des fluides) ont permis de beaucoup améliorer la qualité des fermentations alcooliques et de réduire leur longueur (toujours facteur de risque).
Originalité des élevages
Pour ses élevages, Benoit a beaucoup expérimenté dans sa quête de parvenir à une belle texture. Il a donc privilégié les amphores pour le toucher de bouche. Cette recherche est très perceptible dans la remarquable cuvée Beaulieu dont une partie seulement est élevée en amphores pour ne pas trop perdre en verticalité. Pour lui, le plaisir de la dégustation passe par des sensations tactilement abouties (un beau velouté). Une dizaine de sortes d’amphores ont été essayées. Il a finalement retenu celles de 750 litres. Et pour ses foudres et barriques, il va jusqu’à faire sécher ses merrains pendant 4 ans et accorde une attention soutenue à l’origine des bois qui finissent par beaucoup manquer de traçabilité.