Domaine Oudin

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Un domaine proposant de superbes vins blancs de Chardonnay aux prix encore raisonnés...pour une région devenue parfois bien chère...

Le titre de cette présentation est une allusion à ce que l'on peut parfois trouver comme descriptif de la conduite d'un vignoble dans certains domaines : la lutte dite « raisonnée ». Derrière ce concept, il y a en fait un flou artistique, et la liberté de tout faire de travers ou presque. Comprendre, la possibilité de mettre des engrais chimiques, d'abuser des herbicides de synthèse comme le fameux glyphosate, de pulvériser à foison des insecticides et des antifongiques systémiques (qui rentrent dans le système séveux de la vigne) et de se proclamer en lutte dite "raisonnée", sans aucune transparence ou autocritique.

Travail à l'enjambeur

Une vraie lutte raisonnée

Heureusement ici, nous sommes très loin de ces excès-là et les sœurs Oudin pratiquent une vraie lutte raisonnée, donc raisonnable, qui va limiter l’utilisation des produits de synthèse au maximum et seulement lorsque toutes les autres options naturelles (cuivre, soufre) se seront montrées incapables de juguler la pression cryptogamique (liée aux champignons). De ce fait, le scénario défavorable ne survient qu’une année sur 2 en moyenne. Ce qui veut donc dire que les Chablis d’Isabelle et Nathalie sont en agriculture biologique le reste du temps, et seulement lorsque c’est indispensable (pour ne pas perdre la récolte). Ne traitant jamais en préventif, elles vont s’autoriser un ou deux passages d’antifongique en ayant soin de ne retenir que des molécules non CMR (Cancérigène / Mutagène / Toxique pour la reproduction).

Nathalie et Isabelle reçoivent le trophée de la meilleure carte de voeux 2021 !

Une viticulture propre

Dès le départ, j’ai apprécié cette transparence, assez rare dans un vignoble Chablisien où le bio ne progresse que lentement. Je laisse la parole à Nathalie : « en 2017, nous avons utilisé deux produits de synthèse non CMR pour lutter contre l’oïdium, comme en 2019. En 2018 et 2020 le cuivre et le souffre et les produits de biocontrôle (armicarb et huiles essentielles) ont suffi. Ce n’est pas 2016…Pas de désherbant bien sûr et amendements 100 % organiques, engrais vert (100% légumineuses) et bioprotection des moûts en essai cette année. La vérité est souvent au milieu, les extrêmes ne sont jamais très bons. Il faut tout réfléchir. Ce n’est jamais une partie de plaisir de traiter que ce soit en bio ou en conventionnel. Dans les molécules il y a de tout, des toxiques (de moins en moins heureusement, nous nous éloignons des années 80) et des bios dangereuses pour l’environnement (insecticide pyrevert). Il faut faire confiance aux vignerons et à l’agriculture qui devient un vrai métier de pointe à tous niveaux. »

Les méthodes de ce domaine à taille humaine (8.5 hectares) ont toujours été un peu à contre-courant des choix majoritaires dans l'appellation, probablement parce que le père d'Isabelle et Nathalie, Jean-Claude Oudin, n'était pas issu d'une lignée de viticulteurs. Il est arrivé à la vigne un peu par hasard, lorsque son épouse a hérité de quelques parcelles dans le coin.

Des principes sains ont donc été appliqués dès le départ grâce au bon sens de Jean-Claude: rendements mesurés (la parcelle de premier cru Vaucoupins ne donne en général que 45 hl/ hectare) grâce à la préservation des vieilles sélections massales, replantation de clones qualitatifs, labour et travail des sols, abandon des désherbants et insecticides, pas de traitements préventifs, et ils ont été encore renforcés par l'arrivée de sa fille Nathalie sur le domaine en 2007 : elle introduit les levures indigènes pour les fermentations, et continue les élevages longs sur lies en cuves inox pour éviter les sensations boisées. Bientôt elle sera rejointe par sa sœur Isabelle et les deux vont alors petit à petit prendre les manettes de cette exploitation discrète mais au rapport qualité prix remarquable. 2017 est un très beau millésime qui s'exprime sur la tension acide (sans manquer pour autant de matière), 2018 est solide, charnu et plus solaire pour ce qui est de la maturité.

Descente vers Chichée où se trouve le domaine Oudin. au fond on aperçoit les premiers crus Chablisiens orientés sud voire ouest…Mont de milieu et Vaucoupins