Domaine Robert Roth

Découvrez le domaine
Comme nous l'avons déjà écrit, l'Alsace est une grande région viticole, encore largement méconnue du grand public, et où les amateurs de grandes émotions peuvent trouver leur bonheur sans se ruiner. Vignalis est heureux de vous parler du domaine Roth, où un jeune vigneron talentueux, Victor, est en train de faire grimper le niveau des vins après avoir reçu les rênes en douceur de son père Patrick et de son oncle Christophe.

Cette dynamique générationnelle caractérise nombre d’histoires à succès dans le vignoble. Chaque génération peut s’appuyer sur le travail exigeant de la précédente, c’est-à-dire sur les progrès réalisés à la vigne comme au chai (acquisition de parcelles, investissements, qualité des plantations et du matériel végétal), mais également sur le patrimoine culturel (savoir-faire et philosophie) qui sont laissés en héritage.  Cela ne suffit certes pas toujours. Il manque parfois la bienveillance des anciens, ou leur intelligence de savoir quand se mettre en retrait, se remettre en question et laisser l’initiative aux jeunes. Victor Roth bénéficie aujourd’hui d’une telle bienveillance. Cela lui permet d’apporter des changements et une inspiration nouvelle aux crus de la maison.

Comme dans le Jura, la vigne n’a pas toujours joué un rôle central pour beaucoup d’exploitations agricoles au début du 20ième siècle. Les paysans travaillaient souvent en polyculture et le vin n’était qu’une des différentes activités de leur ferme. Ce n’est qu’au lendemain de la seconde guerre mondiale que le domaine va se tourner vers la viticulture pour en faire une spécialité en l’espace de deux générations. Les Roth commencent alors à s’investir dans la vinification et à mettre leurs vins en bouteille eux-mêmes dans les années 50 et 60. Ils acquièrent une solide réputation.

Le Mittelbourg, "colline du milieu", en allemand "Mittelberg", un superbe terroir de calcaire oligocène et de grès rose
De pères en fils
La suite s’écrit avec le talent des générations qui se succèdent ainsi qu’avec leur capacité à poursuivre leur vision de la vigne. Christophe et Patrick prennent les commandes en 1986, après le décès prématuré de leur père Robert. Formés au lycée viticole de Rouffach, ils relèvent courageusement le défi de ces responsabilités lourdes malgré leur jeune âge en se partageant les tâches en bonne intelligence, Christophe prenant en charge la conduite du vignoble et Patrick se concentrant sur les vinifications.
Palissage impeccablement tenu au Mittelbourg
Une histoire de terroirs
Le début des années 1990 voit l’arrivée des vins des terroirs Mittelbourg (à gauche) et Orschwillerbourg, l’enherbement des rangs de vignes pour limiter le désherbage chimique et l’érosion, ainsi que la construction de nouveaux locaux de stockage. Au milieu des années 2000, Christophe et Patrick Roth envisagent l’évolution du domaine vers l’Agriculture Biologique, dont la conversion débutera finalement en 2016. En 2017 Victor Roth, fils de Patrick et Estelle et 4ème génération de vignerons, rejoint ses parents et son oncle sur l’exploitation. Œnologue de formation et après différentes expériences en Champagne, en Italie, en Suisse ou en Alsace, il prend en charge les vinifications, précisément 40 ans après le millésime 1977, premier millésime vinifié par son père Patrick. 2017 sera également le premier millésime vinifié sans intrant œnologique excepté un peu de soufre. En 2018, le domaine fait l’acquisitions d’un nouveau terroir : le Hornstein. Le vignoble couvre désormais une surface de 18 hectares.
Palissage et rendement sont intimement liés explique Victor...
Plantier du domaine au Mittelbourg
Vignes enherbées du Mittelbourg : remarquer la couleur ocre rouge de la terre, synonyme de la présence d'oxydes de fer. Sur cette photo, saurez-vous reconnaître le Riesling à gauche, du Gewurztraminer à droite ?
Le Mittelbourg
En allemand Mittelberg (colline du milieu), il est le terroir historique du domaine Roth et domine littéralement la ville de Soultz où le caveau familial est implanté. Sérieux candidat au statut d’Alsace Premier Cru en cours de création, c’est un beau vignoble solaire exposé plein sud qui culmine à 360 mètres d’altitude. Son sous-sol mélange des calcaires de l’Oligocène et du Jurassique plutôt rares dans la région avec des formations de grès roses surmonté d’un sol superficiel rouge ou ocre peu profond, caillouteux et riche en oxydes de fer. Les vins du Mittelbourg restituent l’effort de la vigne qui va s’enraciner dans la roche-mère pour puiser l’eau nécessaire à sa survie, ils sont puissamment minéraux. Le domaine y possède des parcelles plantées en Riesling, en pinot gris ainsi qu’en Sylvaner et Gewürztraminer. Comparer le rendu de ce terroir sur différents cépages est un exercice passionnant tout comme comparer une même cuvée dans deux millésimes distincts.

Second terroir du domaine, récemment acquis, le Hornstein jouxte le Mittelbourg par l’est. Sa nature moins ensoleillée donne des vins plus frais et plus tendus, où l’acidité ressort davantage. Sur des millésimes frais, elle peut même devenir tranchante. Son sol est comparable au Mittelbourg à cette différence de taille, on y trouve en surface des marnes et des argiles qui permettent une rétention d’eau bien supérieure.

Enfin l’Orschwillerbourg, qui est davantage un petite butte qu’une colline, avec une altitude sensiblement inférieure (260 mètres) et une exposition sud. Le sol y est plus jeune, il est composé d’éboulis gréseux, certainement déposés après la fonte du glacier qui occupait la vallée de Rimbach lors des périodes de glaciation. On y trouve de petits fragments de grès roulés ainsi que des galets de quartz. Ce grès retourné à l’état de sable a ensuite été recouvert par les limons issus de l’érosion des montagnes voisines et accumulés sur cette butte. Il en résulte un sol profond mais assez léger de type marno-gréseux à limono-gréseux, riche mais avec une réserve en eau plutôt faible.

Les changements récents font évoluer le domaine vers une viticulture et une vinification presque sans intrants, comme nous l’avons dit. Plus de pesticides, d’herbicides ou d’engrais chimiques, et aucune correction œnologique des vins durant la vinification. Ces perspectives, assorties d’une philosophie de rendements modérés (visibles à la hauteur du palissage et à une taille Guyot Ploussard courte) ainsi qu’à la réduction des doses de soufre donnent aux vins du domaine une trajectoire de progression certaine qu’il sera important de suivre dans les années à venir. En attendant, vous pouvez déjà vous faire une idée de leur potentiel et vous régaler avec des millésimes comme 2017 (vins tendus par une belle acidité), 2018 (vins solaires, mûrs et concentrés), et 2019 (vins au profil lumineux et cristallins) que nous avons sélectionnés. 

Jeunes Riesling entrant dans la cuvée Sulzer
Calcaire oligocène du Mittelbourg
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