The Standish wine company
Découvrez le domaineL'Australie du vin, du préjugé au démenti
Je pourrais vous parler de l'Australie et des vins australiens pendant des heures. J'ai eu la chance d'y effectuer un stage de vinification en 2011, dans le Victoria (région de Melbourne) et d'y découvrir un vignoble varié, recelant des trésors souvent injustement méconnus. Il faut dire que les vins australiens n'ont pas très bonne presse ici, où leur étiquette « nouveau monde » leur colle un peu trop au goulot.
Commençons par donner quelques ordres de grandeur : le vignoble australien couvre un peu moins de 150 000 hectares selon les chiffres 2017 de l'organisation international de la vigne et du vin (OIV). C'est environ 1/5e du vignoble français. Cette surface s'inscrit d'ailleurs en baisse, elle était de 170 000 hectares en 2008. En cause, la surproduction, la baisse des ventes à l'export (en particulier vers la Chine et les Etats-Unis) ainsi que l'arrêt de mesures fiscales incitatives de la part des autorités australiennes.
La principale région viticole se situe au Sud de l'île, à l'est de l'état de South Australia (autour de la ville d'Adelaide), avec les vignobles de la Barossa et de l'Eden valley, le Mc Laren Vale et ceux des Adelaide Hills. Syrah, Cabernet-Sauvignon et Chardonnay se taillent la part du lion dans l'encépagement avec 60% des surfaces plantées. D'autres cépages émergent, pour résister au climat difficile (sécheresse).
Un patrimoine à part
L'Australie ne possédant pas de vignes natives, tous les cépages ont donc été introduits, la plupart au 19e siècle par les colons allemands et anglais. Le mémorial de la Barossa Valley leur rend hommage. La France a d'ailleurs contribué à la constitution du vignoble australien puisque James Busby en aurait introduit des variétés de Syrah en 1833.
La viticulture australienne a longtemps été épargnée par le phylloxéra, ce qui fait de ce pays un des principaux patrimoines de vignes franches de pied, mais qui n'a pas toujours été bien mis en valeur.
Dans la seconde moitié du vingtième siècle, l'Australie fait en effet le pari du volume, au détriment de la qualité. L'espace immense permet aux exploitations viticoles de devenir de véritables fermes, les fameuses « wine farms », et de privilégier des moyens productivistes : rangs très espacés pour la mécanisation de la production, engrais, irrigation, rendements élevés, levures industrielles, approche chimique...le tout dans une logique marketing de vins d'exportation vers l'Angleterre, la Chine et les Etats-Unis. Au début des années 2000, la surface plantée a triplé en à peine une vingtaine d'année et l'Australie est devenu le 4ème exportateur mondial de vin. Des marques comme Jacob's Creek ou Penfold's deviennent universellement connues.
Cette stratégie est inévitablement mise à mal avec l'arrivée de la crise financière en 2008, et la chute des exportations. Cette tendance de fond, qui a contribué à gonfler les stocks, permet d'expliquer la décroissance actuelle des surfaces plantées en vignes. L'affaire n'est plus si rentable. Parallèlement, et c'est là le phénomène qui nous intéresse, un certain nombre de « wine growers », c'est-à-dire des producteurs de raisins, commencent à prendre conscience des limites de ce système, et enclenchent un retour vers une recherche d'identité de terroirs, d'abord en ne vendant plus leurs raisins aux grands groupes et en commençant leurs propres vinifications puis mises en bouteilles mais aussi en appliquant de nouveaux préceptes de viticulture et de vinification, souvent ramenés d'Europe et nettement moins interventionnistes. Vignalis se concentrera dans un premier temps sur 3 producteurs dont nous avons souvent dégustés les vins (pour notre plus grand plaisir) : Standish, Massena et Ben Glaetzer.