Anatomies comparées de quelques grands vins...

Quand une bouteille de vin remplit toutes ses promesses, donne un plaisir inquantifiable, s'accorde parfaitement au moment et à la convivialité ambiante, j'ai envie de la qualifier de grande. Récemment, ce petit miracle s'est répété plusieurs fois et notamment avec quelques vins du Jura.

Ceux qui ne connaissent pas l'élevage en amphore seraient bien inspirés d'essayer le Poulsard 2019 de Stéphane Tissot. La robe de ce nectar est un régal pour les yeux, avec ce rouge griotte turbide qui tire déjà par moment vers l'orangé. Une carafe permet de bien l'observer. Ensuite, ce vin délivre un fruit préservé, exubérant, aux notes variétales si délicates de gelée de groseilles, de pétales de fleurs, par moment on passe vers des effluves d'orange sanguine...La bouche ravit par sa simplicité gourmande, cette immédiateté du plaisir de boire un vin qui glisse tout seul, sans aspérité, du velours fruité. C'est juste délicat, plein, subtil...génial !

Dans un style plus robuste mais qui ne manque ni de finesse, ni de complexité, le Trousseau Singulier 2019 du même talentueux vinificateur Stéphane Tissot offre une robe plus assombrie, tirant vers le burlat en son centre, et une palette aromatique plus fruits noirs écrasés que fruits rouges, plus balsamique que florale. La bouche me séduit par son jus ferme mais intense, et cette même facilité à glisser dans la gorge sans accrocher. C'est magnifique de buvabilité...on en redemande et c'est bien là l'essentiel ! On n'oubliera jamais cependant que de telles réussites sont gagnées d'abord à la vigne, où l'équipe d'une trentaine de personnes de Stéphane réalise jour après jour un travail biodynamique méticuleux et de haute couture.

Enfin, les Grands Teppes vieilles vignes Chardonnay 2010 du génial Fanfan Ganevat approche la perfection. Certes c'est 2010, grand millésime d'équilibre et de classe, mais ce vin a pu par le passé se montrer peu rassurant dans des phases ingrates, avec des craintes d'oxydation et de fatigue prématurées. Ici, il n'en est rien, le vin a repris toute sa justesse initiale, il est d'un volume incroyable, remplit en bouche tout ce qui s'y trouve, et d'une puissance phénoménale, qui ne manque pas d'élégance, renverse tout sur son passage. Le citron confit, le mimosa, la marne, l'acidité haute s'invitent tour à tour au palais...on en redescend tout étourdi...dommage qu'il soit devenu si difficile de s'en procurer, les heureux détenteurs ne s'y tromperont pas. Vignalis vient d'ailleurs de recevoir quelques rares cuvées 2018 et 2020 du domaine, nous contacter sur l'adresse mail du site contact@vignalis.com pour recevoir les tarifs.